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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
confié successivement, comme on l'a déjà dit, à Charles T^e Brun, puis à son rival, Pierre Mignard. A la mort de ce dernier, il échut à un architecte, Robert de Cotte, qui le garda de 1699 à 1735, et le transmit à son fils ; celui-ci le conserva jusqu'en 1747. Il devint en quelque sorte de tradition de confier ces importantes fonctions à un architecte. En effet, de Cotte fils a pour successeurs, d'abord Garnier d'Isle (1747-1755), puis Soufflot (1755-1780). On revient alors aux anciens errements. Le premier peintre du roi, c'était alors le chevalier Jean - Baptiste - Marie Pierre, est ap­pelé à la direction des Gobelins; mais, à sa mort (1789), c'est un architecte qui lui succède. Cette fois, le choix du ministre était bien tombé; car nous verrons Guillaumot, après une inter­ruption causée par les événements, reprendre le gouvernement de la manufacture et aider puissamment à son salut, puis à sa réor­ganisation.
La surveillance artistique des ateliers était réservée à un peintre choisi parmi les membres de l'Académie royale. Son concours était d'autant plus indispensable que le chef nominal dela manufacture, pris ordinairement parmi les architectes, ne possédait pas les con­naissances techniques nécessaires pour redresser les tapissiers et réformer les mauvaises tendances. Parmi les artistes qui prirent une part directe aux travaux des Gobelins figurent Antoine Coypel et son fils Charles-Antoine, Jean-Baptiste Oudry, qui administrait en.mème temps avec beaucoup d'habileté et de succès la manufac­ture de Beauvais, François Boucher, Amédée van Loo, enfin le chevalier Pierre.
Mais on peut dire que, sans prendre une part directe aux tra­vaux des ateliers, presque tous les peintres en réputation du règne de Louis XV apportèrent le tribut de leurs talents à la manufacture royale. Les livrets des expositions de l'ancienne Académie de pein­ture fournissent à cet égard des renseignements précieux. En effet, depuis 1737 jusqu'à la fin du règne de Louis XV, ils signalent soi­gneusement les sujets peints pour être reproduits en tapisserie. A partir de l'avènement de Louis XVI, cette mention disparait et est remplacée par une simple indication que le tableau appartient au roi. Il devient donc plus malaisé, à dater de cette époque, de reconnaître les tableaux commandés pour servir de modèles aux tapissiers.
Comme on n'a jamais songé jusqu'à ce jour à extraire des livrets